Vendredi dernier j’ai eu avec un groupe d’étudiants de l’École Le 75, le privilège de rencontrer Mitch Epstein à la Fondation A Stichting (Bruxelles) dans le cadre de l'exposition de son dernier projet photographique "New York Arbor" (du 21 avril au 30 juin 2013). Mitch Epstein est un photographe américain de la deuxième moitié du XXe siècle ayant suivi des cours avec le célèbre Garry Winogrand et travaillant la plupart du temps en couleur. Cependant son dernier projet a été fait en noir et blanc, toujours avec sa grosse et encombrante chambre photographique 8x10 in. Epstein a réalisé ce projet comme son titre l'indique à New York pendant deux ans, ville dans laquelle le photographe vit depuis près de 40 ans. Epstein se situe toujours dans un champ de bataille, entre deux forces : dans son projet "Family Bussiness" il photographie la fin de l'entreprise montée par son père, et dans "American Power" il dévoile les enjeux de la bataille pour le pouvoir qu'existe aux États-Unis d'Amérique dans tous les domaines (énergétique, social, politique et autres). L'enjeu de son dernier opus est très certainement la confrontation entre une nature préexistante et la présence humaine. J’ai été complètement séduit, aussi bien par les images que par le personnage. Ses photographies étaient sobres et impétueuses. Ses arbres aussi harmonieux que bouleversants résidaient enfermés dans un cadre qui révèle un passage émancipé de toutes contraintes. Il est très difficile d’exprimer ce qu’on ressent face à ces images qui manifestent l’existence de la nature indépendamment de la notre. Certains pourrons dire que cette indépendance est relative, mais ce qui est sûr et certain c’est que la nature a vu le jours avant nous, et rencontrera certainement sa fin après nous. Les “choses” existent et Epstein nous le prouve avec ses photographies qui témoignent de la tension entre le temps passé et le présent. Combien de fois sommes nous passés devant des splendides arbres en admirant leur beauté ? Nous pouvons apercevoir à quel point l’apparente simplicité dissimule la plus grande sophistication. Cette végétation photographiée de façon directe et transparente dévoile l’honnêteté de l’artiste et l’hommage qu’il lui rend.
Francisco Supervielle
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