Il y a quelques mois je lui avais demandé à un ami poète de rédiger une préface pour un livre que j'avais envie de faire avec la série "Colección de Silencios". Je me suis retrouvé avec un texte d'une justesse et d'une finesse qui m'a laissé sans mots. Voilà que la semaine dernière je me suis mis à le traduire au français. Autant vous dire que c'était un grand défi dont je n'ai pas encore réussi à trouver encore dans son entièreté la traduction parfaite. Cependant j'avais envie de partager ici quelques passages dont la beauté et la claireté artistique font autorité.
"En tant qu’amateur de photographie je dois avouer que les vertus techniques propres à ce champ m’échappent. Cependant, je crois pouvoir analyser avec une certaine autorité les aspects fondamentaux dont aucune oeuvre ne peut se passer : le vertige narratif et l’évocation sincère de l’humain. En tant qu’écrivain j’ai entendu d’innombrables fois, de la part de collègues et amateurs, que l’art présente une réalité cachée. Sans vouloir être indigne avec eux (tout contient sa part de vérité) je crois en l’opposé, c’est-à-dire : l’art dissimule une réalité présente (et pas n’importe quelle réalité, et pas de n’importe quelle façon). Il la dissimule comme celui qui cache un trésor qui le rend nostalgique ; cela devient une sorte de voile protecteur des plus beaux et pervers abîmes de l’homme, ceux qui sont menacés par des rhétoriques, par des contradictions logiques, et par des peurs certaines."
"De ce point de vue là, la photographie devient l’art de dissimuler la perpétuelle perte de tout ce qui est présent devant le changement. L’anxiété du photographe est celle de l’instinct humain de préservation. L’aspect statique n’existe même pas au moment même de la prise de vue. Toutefois tout se dissout en un geste qui garantit une immortalité momentanée. C’est ainsi que la reconnaissance de la fausseté de l’artifice devient transcendante, mais seulement si l’honnêteté authentique du désir l’accompagne."
Juan Grunwaldt - Montevideo 2012
Écrire commentaire